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Journalisme en ligne au Gabon : l’essor des IA génératives dans les rédactions

L'irruption du numérique et des nouvelles technologies dans le paysage médiatique ne cesse de transformer les modes de production et de diffusion de l’information.

Journalisme en ligne au Gabon : l’essor des IA génératives dans les rédactions

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Perte de crédibilité, travail de vérification mis en difficulté par les enjeux de vitesse, les journalistes semblent avoir oublié d’évoluer avec leur audience, résultat : la puissance des algorithmes et les bulles du clic donnent le ton à la consommation de l’information en ligne. Fin de la stabilité du si c’est écrit, c’est vrai, les IA génératives capables de générer de nouveaux formats de contenus laissent penser à une 4e vague médiatique. Décryptage.

Journaliste Vs IA

L’ADN de l’info a changé, il faut changer l’ADN des journalistes”. Ce constat, Benoît Raphaël le faisait en 2007, lorsqu’il lançait LePost.fr, son site d’information participatif. Dix-sept ans plus tard, force est de constater que le journalisme reste le même, en dépit de l’irruption des nouvelles technologies et des IA génératives. Le journaliste demeure le garant d’une vérification authentique de l’information, le garant de la qualité et de la pertinence de ses analyses, ce qu’une IA ne peut nécessairement pas garantir. Ce qui importe, c’est d’analyser comment toutes ces innovations peuvent être assimilées par les professionnels du secteur médiatique. À la question de savoir si la presse est-elle prête à se saisir de ces outils ? Grégoire Lemarchand, rédacteur en chef investigation numérique à l’AFP précise que : “…l’apport de l’intelligence artificielle et le travail humain sont complémentaires. La technique peut mener à l’excellence journalistique. “. Présente déjà dans les médias depuis 2013 – 2014, l’IA ouvre un large champ de perspectives aux médias visant à renforcer et à promouvoir un journalisme de qualité.

IA générative : entre potentiel et craintes

Qu’il s’agisse des solutions numériques pour lutter contre les fake-news (à l’exemple du plugin InVID développé permettant de vérifier des images sur Internet) ou le dernier-né ChatGPT (outil conversationnel), le potentiel de l’usage de l’IA dans les médias est grandissant. Le recours à l’IA pourrait entraîner une dépendance, un risque majeur face à des technologies dépourvues de sens commun. Pour Charlie Beckett, directeur de Polis, passé par BBC News, “L’IA ne respecte pas la propriété intellectuelle, n’a pas de notion de droit. Quand on utilise une IA générative, qui détient quoi ? ”, s’interroge-t-il. Les défis que pose l’usage des IA sont nombreux, et il faudrait déjà pouvoir l’implémenter dans les rédactions, se les approprier et développer une culture tech. Pour David Trilling d’Inside Arlington (site gratuit d’information ultra local fonctionnant à partir de l’IA) se lancer dans l’utilisation de l’IA, passe nécessairement par : l’ouverture aux différentes utilisations de cet outil et l’adaptation de son usage en fonction des besoins, la transparence et la pédagogie vis-à-vis des journalistes.

L’IA générative : 4è vague médiatique ?

Désormais démocratisé, le recours à l’IA pour générer une image, un texte ou une vidéo est à portée d’un simple clic et à la portée de tous. C’est cet accès libre à cette ressource qui constitue une véritable révolution pour la sphère médiatique, et un levier de productivité pour les entreprises. L’IA générative vient améliorer des outils d’automatisation qui existaient déjà dans le domaine de la collecte, du traitement et de la diffusion d’informations.

Loin d’être au cœur d’une 4e vague pour les médias, les IA génératives, qui sont apparues au milieu des années 2010, voient leurs usages se vulgariser à grande échelle. En Afrique, le recours à l’IA générative est encore embryonnaire. Un rapport publié en 2022 par des universitaires kenyans intitulé The Adoption of Artificial Intelligence in Newsrooms in Kenya : A Multi-case Study, indique que les salles de presse de ce pays d’Afrique de l’Est utilisent l’IA de trois manières principales : (1) la collecte d’informations et la production de contenu par l’identification des tendances de l’information afin d’identifier les nouvelles de dernière minute potentielles à l’aide d’alertes (2) l’analyse des données et (3) l’apprentissage automatique pour les enquêtes et les informations commerciales. Cependant, dans le milieu médiatique africain, le scepticisme règne : beaucoup craignent des pertes d’emploi.

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