Après l’euphorie autour du coup d’État du 30 août dernier, la désinformation s’est invitée dans l’actualité du Comité de transition pour la restauration des institutions (CTRI). Analyse.
Ils sont des milliers à l’avoir reçu sur leur compte WhatsApp, un message transféré plusieurs fois et qui a fait le tour des mobiles au Gabon pour annoncer le recrutement du personnel au palais du bord de mer de Libreville. Publié le 27 septembre, le contenu de ce message prétend être une information provenant de la présidence de la République sur un éventuel recrutement. Et pour donner du sens, la fausse information glisse un élément de dissuasion “Je demande à ceux qui ont déjà déposé leur dossier de bien vouloir indiquer les autres”.
Pourtant, il n’en était rien. Une fake news de mauvais goût, qui a quand même conduit quelques milliers de personnes à se rendre sur les lieux. La présidence a été assiégée par des Gabonais visiblement en quête d’emploi. Ils crient au général Oligui de trouver une solution. En face, un officier militaire qui tente de faire passer le message qu’il s’agit d’une fake-news. L’ambiance est chaude et pour les plus téméraires qui affichent des accusés de réception de dossiers déposés, ils continuent d’y croire, et même si cela est faux, ils veulent quand même déposer leurs dossiers.
Selon les témoignages, certains seraient venus vérifier d’eux-mêmes le caractère faux de l’annonce. Pour mettre fin à cet épisode sporadique, un communiqué du CTRI, daté du 29 septembre 2023, à démenti l’information et convier les populations à se fier aux sources officielles.
Depuis l’arrivée des militaires à la tête du pouvoir, mettant un terme à un pouvoir semi-dictatorial, la libéralisation de la parole a fait naître plusieurs acteurs. Cette ouverture informationnelle se manifeste par la recrudescence de conversations, d’échanges audio et le partage accru d’informations non vérifiées, et même souvent relayées par la presse en ligne dite sérieuse. “Le retweet et le commentaire deviennent des instruments de support apportant une nouvelle dimension d’amplitude et de facilité et à l’expression de ses idées”, tel que nous souligne le journaliste Sylvain Abessolo.
À ce rythme, si aucun mécanisme n’est mis en place pour assurer la diffusion d’informations officielles dans tous les canaux de communication, l’instantanéité risque de l’emporter sur l’objectivité.
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