Le 6 juin 2023, on pouvait lire sur Jeune Afrique que la présidentielle au Gabon se tiendrait le 2 septembre 2023. Le média panafricain, basé à Paris, précisait que cette date avait été validée par l’ex président Ali et son gouvernement. Or, il n’en était rien.
À l’ouest du continent, le Burkina Faso décidait de suspendre la diffusion du média, le 25 septembre 2023. En cause, la publication d’un article mensonger avec pour seul but de ” jeter un discrédit inacceptable sur les Forces armées nationales”, pouvait-on lire dans le communiqué de la junte au pouvoir.
Au Gabon, la récente publication de Jeune Afrique sur le transfert de Sylvia Bongo et de son fils Noureddin de la prison centrale pour un lieu secret alimente les débats. Et comme si ça ne suffisait pas, les médias locaux se seraient mis en réédition de cet article. Simple manœuvre de viralité, sans vérification. La pilule est assez difficile à avaler.
Pour mémoire, le 13 octobre 2023 sur Jeune Afrique, on découvrait comment Lee White, ancien ministre des eaux et forêts, avait quitté le Gabon dans un récit exclusif. Visiblement libre, aucune information officielle n’a été faite pour expliquer les raisons de cette exfiltration. Et depuis, Jeune Afrique s’est à nouveau installé comme le petit baromètre permettant, non pas de prendre la température, mais de révéler au grand public les topos autour de la Transition au Gabon.
Le mutisme de la communication présidentielle
Du côté de la communication du bord de mer, c’est le mutisme total. La dernière apparition du conseiller spécial, porte-parole de la présidence de la Transition, Max Olivier Obame Ndong, date du 30 septembre 2023. Celui qui partait du postulat que « parler, c’est éclairer, expliquer ce que l’on fait » est soudainement devenu muet. La communication du bord de mer semble se limiter à une vaste campagne d’affichage public à l’effigie du président de la Transition, rappelant les méthodes publicitaires exagérées de l’ancien pouvoir déchu.
Face à la récurrence des articles à sensation de Jeune Afrique, va-t-on s’attendre à un démenti officiel ? Pas si sûr, la méthode et les arguments sont sous silence. Sur le terrain de la viralité, certains médias précisent avoir eu accès à des sources sûres pour affirmer que Sylvia et son fils sont encore en prison.
La faiblesse d’une presse nationale
Si un média aussi influent que Jeune Afrique se permet de tels sujets, c’est parce qu’en face, les médias locaux ne vivent qu’au rythme des communicants. En l’absence d’une information à valeur ajoutée, Jeune Afrique a trouvé le moyen de jeter un pavé dans la mare pour faire réagir tout le monde. Et ça marche.
Renverser la tendance, dans un pays où les professionnels de l’information ont difficilement accès aux sources officielles, relèverait presque d’un miracle. L’exclusivité étant réservée aux médias d’influence, qui apparaissent comme les mieux indiqué pour capter les audiences et s’immiscer dans les cercles de décisions.
Pour l’heure, l’information relayée est au conditionnel et appelle à plus de vigilance. Dans cette perspective, un éventuel démenti ou des précisions, voire des sanctions, s’il est avéré que l’information soit fausse, seraient la bienvenue.
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